Les affiches de cinéma "standardisées"
Sur son blog consacré au cinéma et ses coulisses, Christophe Courtois recense et compile de manière thématique et insolite les affiches de films qui se ressemblent suivant des codes publicitaires bien établis.
"Il paraît que les affiches contemporaines se ressemblent toutes. D'horribles distributeurs de films soucieux de séduire le public le plus large auraient recours à une stratégie machiavélique, l'utilisation de codes graphiques standardisés - décryptés par un public aguerri aux codes de la communication moderne - destinés à attirer toujours plus de monde en salles. Et ceci, bien sûr, au détriment d'une création et d'une liberté sans bornes.
Vous l'aurez compris, la communication cinématographique a toujours été standardisée. Au fil des décennies, ces codes graphiques évoluent, l'affiche de films étant par nature le reflet de tendances et de modes inscrites dans une époque. A chaque décennie ses codes. A chaque période ses grandes tendances : la dramaturgie cristallisée autour du couple, la sensualité de la femme dans une société s'ouvrant à une sexualité plus contemporaine (le cinéma fut clairement le premier espace de libération sexuelle), l'action, la science-fiction, la comédie, etc.
La codification des affiches n'est pas le fruit d'un manque de créativité mais un objectif assumé : le cinéma est un loisir contraignant, qui oblige à se déplacer, prend du temps, coute un peu d'argent, et "dit qui vous êtes". Hors de question de se tromper, surtout si vous invitez votre petite amie ! Un français voit en moyenne moins d'un demi pour-cent des nouveaux films proposés chaque année.
Dans ces conditions de choix extrêmes, le paradoxe le plus saisissant est que le spectateur veut... savoir ce qu'il va voir avant d'y aller. L'industrie du cinéma étant une industrie de films prototypes uniques - des produits que par définition l'on ne peut pas tester avant de consommer et que l'on ne rachète jamais -, la codification de sa communication répond tout simplement à cet objectif. Suggérer on ne peut plus clairement de quels autres films plus anciens, de quel genre, de quelle famille ce "nouvel objet cinématographique" se rapproche. Depuis un siècle."
Christophe Courtois